dimanche 9 janvier 2011

Les élèves de TL au Festival International des Écoles de cinéma, à Poitiers.

http://www.rihl.org/accueil.php



Comme chaque année depuis trois ans, les élèves de TL, de l’option de détermination, ont la chance de participer à un festival de cinéma. Notre partenaire, Luc Engélibert, est le directeur artistique du Festival International des Écoles de Cinéma de Poitiers et nous offre le passe pour trois jours de projection ! L’emploi du temps est serré : de 9 heures 30 à 23 heures, pendant trois jours, ce sont des fictions, des documentaires, des rencontres et quelques sandwichs et autres pâtes à emporter !
Grâce au travail enthousiaste de Julien Proust, chargé de l’éducation à l’image et du site internet du festival, nous suivons les diverses séances et leçons de cinéma, comme dans un rêve éveillé, un peu hallucinés mais jamais blasés. Les textes des élèves en témoignent !




Les rencontres internationales du film Henri Langlois se tenaient du 3 au 12 décembre 2010 à Poitiers, l’occasion pour nous de quitter notre lycée douillet et d’esquiver la tempête sibérienne qui emportait l’île de France ! Vous pourriez penser que faire une orgie de courts-métrages est chose facile. Erreur ! Avoir des images plein la tête entraine de troublants effets. Surtout quand ces images sont poétiques, comme dans A Lost and Found box of human sensation de Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg. Surtout quand elles sont profondes comme dans la sombre Confession de Tanem Toom ou encore engagées comme dans Jours de colère de Charles Redon, qui esquisse la vie et la chute d’un sans-papiers.
En somme, des images plein les yeux et de heures de sommeil en moins ? Mais tout cela pour la bonne cause : une initiation à l’art du festival, à l’écoute des professionnels. Tout cela pour un plaisir de cinéphile, curieux de voir comment on vit, voit et pense dans tous les coins du monde.
Au delà d’une sortie scolaire, ce festival fut une véritable école de cinéma par la pratique de spectateur. Car que serait une section cinéma qui n’irait pas au cinéma ?
Geoffrey C.





Participer au festival international des écoles de cinéma a été une expérience très riche car nous avons vu un choix très éclectique de films. Tant du point de vue des techniques que de l’esthétique. Les sujets étaient également très variés, selon les pays. Cela n’a fait qu’enrichir l’idée que nous avions du cinéma et de la vaste étendue des techniques. La leçon de cinéma sur l’animation nous a fait entrevoir la richesse et la difficulté de ce genre cinématographique.
Quelle merveilleuse manière de s’ouvrir l’esprit que de se retrouver dans une salle obscure !
Mélinda M.




Lundi 6 décembre 2010, après un réveil difficile et une halte à la Cinémathèque pour une conférence sur le cinéma expérimental, nous voilà sur les routes en direction de Poitiers.

Résultat, comme on dit dans la pub, ça vend du rêve ! Quatre jours à valdinguer dans les rues de la ville, entre le théâtre, le Quick et le cinéma. Quatre jours, entourés par de futurs talents du Septième Art, de jeunes réalisateurs, des anciens de la FEMIS, des journalistes et des comédiens. Etrange expérience que d'être confronté à un monde que nous aimons tant avec une telle proximité…
Ce voyage a mêlé l'émotionnel et la fatigue, puisqu'en dépit des apparences, rester les fesses vissées toute la journée sur des sièges rouges, c’est éprouvant. Le terme n'est pas hyperbolique puisqu'aussi bien physiquement que moralement nous étions submergés par les images, tels des mollusques surpris par la marée.
Après le visionnage d'une trentaine de courts-métrages, on peut noter le sordide qui caractérise globalement les films en compétition. Certains thèmes s'avèrent être récurrents. Beaucoup traitent de la mort, d'autres sont plus engagés et montrent la vie de sans-papiers pendant que certains dénoncent le quotidien des femmes. On peut d'ailleurs noter que les films aux propos les plus crus et choquants pour notre petite morale lycéenne étaient souvent des films made in Germany. Du côté de l'animation, avoir assisté à une leçon de cinéma consacrée à ce genre nous a rendus encore plus admiratifs face aux prouesses des réalisateurs. L'image animée a l'avantage de briser le réalisme et permet ainsi de traiter de sujets difficiles avec légèreté et humour. Certains de ces films animés ont d'ailleurs provoqué de grands débats après la projection. Mais je généralise en parlant de noirceur car il est vrai que certains films étaient très drôles et même attendrissants.
Enfin, il ne faut pas oublier l'unique long-métrage présenté le dernier soir : Le retour de l'idiot du tchèque Sasa Gedeon (1999), réécriture de L’Idiot de Dostoïevski, qui a troublé beaucoup d'entre nous. Mais le souvenir qui restera pour ma part longtemps dans mon esprit est la rencontre avec Nicolas Sadaa et Grégoire Leprince Ringuet, lors d'une leçon sur la direction d'acteurs, qui a rendu tous mes copains jaloux.

Merci pour ce périple digne de l'épopée d'Homère qui constituera un des rares jolis souvenirs de ma scolarité et qui n'a fait que renforcer mon engouement pour les salles obscures.
Anna B.




Si avaler des courts-métrages toute la journée peut devenir lassant, c’est pourtant la meilleure façon d’en découvrir et de les savourer. Nombreux traitaient de la mort, du deuil, qu’ils soient en prise de vue réelle ou en animation. Les comédies étaient donc les bien venues !
Ce fut aussi l’occasion, avec ces films de fin d’étude, de se donner des idées pour notre propre film de fin de lycée ! En effet, nous avons pu rencontrer des réalisateurs, retraçant leur parcours, dévoilant la genèse de leur film ainsi que certains aspects techniques.
Virgil D.



Le Festival de Poitiers est un événement annuel qui permet aux jeunes sortant des écoles de cinéma du monde entier, futurs grands réalisateurs, de se faire connaître auprès d’un public expérimenté : des producteurs, leur futur producteur qui sait, mais aussi des lycéens de toute la France, la plupart cinéastes en herbe des sections cinéma. Pendant une semaine, des échanges créatifs fusent dans la ville qui entre dans l’hiver !
Marthy M.




Extraits d’un journal de festivalière, par Pauline G.

A lost and found box of human sensation, Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg (animation, Allemagne), 19,5/20
- Bonne animation +
- Sujet grave traité avec dérision +
- Forte influence de Tim Burton +
- Voix de grandes stars (Joseph Fiennes et Ian Mckellen) +

Solstice, de David Stoddart (fiction, Royaume-Uni) 16/20
-Beaux paysages d’Écosse +
- Histoire intéressante +
-Pourquoi faire un montage alterné entre l’adolescente et la femme enceinte qui ne sert qu’à meubler le film ? –
-Pourquoi les deux hommes suivent le couple ? (viol, curiosité ?) –

Le gardien du phare de David François, Rony Hotin, Jérémie Moreu, Baptiste Rogron, Gaëlle Thierry et Maïlys Vallade (animation, France), 14,5/20
- La luciole géante qui aide le gardien du phare remporte mon adhésion +
- 3 minutes suffisent à raconter une histoire. +
- Mais le propos reste trop mince.-

Narben in beton, (cicatrices dans le béton) de Juliane Engelmann (fiction, Allemagne), 18,5/20
-Une histoire de femme humiliée qui passionne. +
- Personnage émouvant et qui évolue. +
- Propos réaliste et essentiel traité de manière crue. +

Je me suis permis de juger, parfois durement, les courts métrages mais, bien évidemment, ils méritent tous d’être vus et reconnus. Je ne suis qu’une simple lycéenne qui juge chacun d’entre eux selon ma manière d’être et de penser. Je revendique la subjectivité de spectatrice. Ce séjour était tout simplement fantastique : du cinéma, toujours du cinéma, encore du cinéma ! Ma passion pour le 7ème art s’est épanouie et je suis nostalgique de cette immense salle de cinéma du TAP de Poitiers. Ce fut une véritable révélation, ces quelques jours ont élargi mon horizon. C’est une expérience que je conseille à tous.

Dans l’ensemble, les films documentaires n’ont pas retenu notre attention. Ils étaient souvent longs et lents. Nous avons été nombreux à être choqués par le film Maya qui présentait la préparation de chiens pour un combat. La souffrance de l’animal et l’insouciance des hommes nous a perturbés, deux d’entre nous sont sortis de la salle. Seul le documentaire Mère de Jarub Piatek, a sauvé ce genre cinématographique à mes yeux. L’histoire de cette vieille femme qui parcourt 450 kilomètres pour voir son fils en prison m’a émue.
La leçon de cinéma de Nicolas Saada, remake des 39 marches d’Hitchcock, fut une très bonne expérience. Nous avons pu prendre en compte la véritable manière de procéder dans un tournage professionnel : jargon de cinéaste, travail en équipe, matériel, nombre de prise, divers angles de prise de vue, travail avec le comédien Grégoire Le Prince Ringuet… Pour une fois, public, nous avons eu notre rôle à jouer. Spectateurs du tournage, nous étions aussi acteurs : nous devions représenter les spectateurs du meeting en faveur du candidat, le fameux « crocodile » ! Je regrette juste de n’avoir pas pu prononcer une phrase (« plus fort, on n’entend pas », ou « La crise ? », « Le chômage ? » ou encore « et vous avez déjà travaillé de vos mains ? ») Mais nous étions placés trop à droite, presque en hors-champ…





Palmarès de Pauline
1. Stanley Pickle de Vicky Mather (animation, Royaume Uni) : Stanley ne sort jamais de sa maison. Il aime ses jouets mécanique, sa mère et son père. Mais une nuit, Stanley a 20 ans et la rencontre avec une étrange jeune fille va dérégler toute cette belle (et morbide) mécanique…
2. A lost and Found Box of Human Sensation Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg (animation, Allemagne)
3. Béatrice, sa bête et l’homme de la ville, de Jordan Prosser (fiction, Australie) : Béatrice a 12 ans, tombe amoureuse d’un homme mort qu’elle découvre dans le canal et devient l’amie d’une créature infernale et cornue. Un conte de fée gothique sur la mort.
4. Vénus de Tor Fruergaard (animation en stop motion, Danemark) : Caroline et Rasmus n’ont pas fait l’amour depuis quatre mois. Pour raviver la flamme dans leur couple, elle accepte de se rendre dans un club échangiste. Une comédie érotique faite en pâte à modeler pour plus de liberté !

Palmarès personnel de Geoffrey
1. Wanna be de Christina Ehelt (fiction de 32 min, Allemagne) : Henning est à vélo, Eli en fauteuil roulant. Leur histoire passionnée commence au coin de la rue, après un accident. Henning tombe amoureux d’elle avant de découvrir qu’elle lui ment…
2. Murmures de Alexandre Labbé ( fiction, Canada) : dans une cité morose des vies suivent leur cours sans se croiser. Jusqu’au jour où un homme insuffle un brin de folie dans cette routine.
3. A lost and Found Box of Human Sensation Martin Wallner et Stefan Leuchtenberg (animation, Allemagne) : après la mort subite de son père, un jeune homme doit faire à l’absence. Le chagrin a-t-il une date de péremption ? Voyage pudique et sensible au cœur du deuil.

Les photographies ont été prises par Pauline.