samedi 22 octobre 2011

Visite de l'exposition consacrée à Metropolis de Fritz Lang.




Fritz Lang fut l’un des grands noms de ce que l’on a appelé le cinéma expressionniste allemand. Ses films muets, (Docteur Mabuse, Les Espions, Metropolis) le désignèrent d’ores et déjà comme un maitre aux yeux des plus grands cinéastes. Il aborda de nombreux genres : le film social, le film noir, le western...

Les élèves de la section cinéma visiteront en novembre l'exposition consacrée au film Metropolis, réalisé en 1927. La découverte, en Argentine, de trente minutes inédites sur une copie du film, fut l'occasion de revoir ce film majeur de l'histoire du cinéma.
Le travail sur les décors fait naître une ville qui sépare le monde des riches privilégiés et celui des ouvriers. Le conflit entre la ville du bas et la ville du haut, le monde paradisiaque et l'enfer de Moloch, est mis en scène magistralement dans une esthétique expressionniste.

Connaître ce film, c'est aussi percevoir l'influence qu'il aura sur les cinéastes contemporains, notamment de Science-Fiction.
Blade runner

La ville Metropolis.

La ville futuriste de 2046 de Wong Kar waï.


Brigitte Helm dans son costume d'androïde, qui a été moulé sur son corps.


La poésie de Metropolis remise en question...
« C’est surtout sa puissance d’imagination et de réalisation que fit la renommée du film. Les poncifs, le mauvais goût, sont ceux des mélodrames ordinaires de l’époque, mais l’objectivité nous invite à faire taire notre esprit critique pour admirer la force poétique de l’œuvre, qui s’explique par la limitation de Lang à l’élémentaire, dont la rançon est justement la naïveté. C’est Eschyle appliqué au cinéma. » Luc Moullet

« L’appel de Maria pour la médiation du cœur entre la main et le cerveau aurait pu être formulé par Goebbels. Lui aussi en appelait au cœur — dans l’intérêt de la propagande totalitaire (nazie).
La structure visuelle de la scène finale confirme l’analogie exist ant entre l’industriel et Goebbels. Si dans cette scène le cœur triomphe réellement du pouvoir tyrannique, son triomphe disposera des schémas décoratifs dévorants qui, dans le reste de Métropolis, marquent la volonté d’omnipotence de l’industriel. (…) L’ensemble de la composition dénote que l’industriel accepte de reconnaître le coeur dans le seul but de la manipuler ; il ne renonce pas à son pouvoir mais qu’il va l’étendre à un royaume encore non annexé — le royaume de l’âme collective. La rébellion de Freder débouche sur l’établissement de l’autorité totalitaire, et il considère ce résultat comme une victoire. » Siegfried Kracauer



Commentaires des élèves sur le film

Metropolis est une œuvre d’art révolutionnaire, surtout à l’époque de sa sortie. Ce film met en scène une société divisée en deux, dans des décors titanesques. Il y a les citoyens privilégiés, ivres de plaisirs et de rêve. Et, vivant sous la ville des riches, les ouvriers qui travaillent sans relâche comme des machines, totalement automatisés, rendus abrutis. L’histoire raconte comment le fils du dirigeant des deux villes se rend compte de l’asservissement des travailleurs et de l’injustice qui règne. Il décide de descendre dans la ville basse. Ainsi commence l’intrigue.
Ce film m’a étonné ; jamais je n’aurais imaginé qu’un aussi vieux film pourrait être aussi esthétique. Metropolis est brillamment réalisé, notamment par ses trucages. Certains passages sont trop longs mais l’ensemble fait réfléchir à l’organisation des sociétés contemporaines.
Charles Deschamps, 1ere SVT


Avant que le film ne commence, on se dit que l’on va s’ennuyer : c’est un film en noir et blanc et, en plus de ça, M.U.E.T ! Et pourtant ! C’est un film exceptionnel !
Les acteurs bougent les lèvres dans le vide. Quelques paroles sont retranscrites mais pas toutes. Et c’est ce qui est merveilleux car cela fait appel à l’imagination des spectateurs.
Les comédiens nous offrent des prestations très théâtrales, avec des gestes exagérés et des mouvements de tête très artificiels. Mais, étrangement, cela ne choque pas mais captive. La caméra suit ou capture les regards.
Ce film aux décors artificiels, aux cadrages obliques et aux éclairages dramatiques et dynamiques, témoigne avec brio de l’expressionisme de Fritz Lang. Des effets picturaux de clair-obscur sont employés pour rendre les scènes plus expressives, comme les ombres qui accentuent la peur.
Dans le film de Lang, on passe d’un plan à l’autre de manière assez lente. Des fondus sont utilisés pour ménager les transitions. Des plans d’ensemble présentent les décors, plantent l’univers, avant de mettre en scène l’action en plan rapproché. Dans le bureau de Joh Fredersen par exemple, l’espace est représenté en plan d’ensemble pour montrer la puissance du personnage, son pouvoir sur la ville comme sur le monde ouvrier. L’aliénation du au travail et la cruauté sont rendues dans des plans moyens qui englobent le travailleur dans la machine Moloch, monstre qui mange ses enfants.
Ce film est aussi de la science fiction ; Lang aborde le thème de la perte de contrôle des hommes sur leurs créations technologiques.
Et puis il y a cette métaphore, qui est le… cœur du film et que j’ai beaucoup aimée : « Entre le cerveau et les mains, le médiateur est le cœur. »
Mériem Mahidine, 1ere ES



Metropolis
qui met en opposition la ville de la lumière (en surface) et celle de l’ombre (sous terre) est un film à gros budget, pour tous ses décors et les effets spéciaux. Et pour cause, Lang a eu recours à des astuces pour tromper le spectateur et magnifier les bâtiments. Notamment avec l’effet de miroir sur des maquettes, qui permettait de créer une illusion de gigantisme.

Ma scène préférée est celle de la révolte des ouvriers, qui, manipulés par la serpentine fausse Maria, vont jusqu’à risquer la vie de leurs enfants en détruisant la machine principale et inondant la ville basse.
Et puis il y a la première apparition d’un robot humanoïde au cinéma !

Léo Do Nascimento, Seconde.

Blutch : Une bande dessinée sur le cinéma.

L'auteur regarde les femmes et leur parle de cinéma. Qui a raison ?
Elle, qui défend le cinéma et ses gros plans sur les visages ? Ou bien lui qui y voit un instrument de pouvoir de la bourgeoisie industrielle ? Le cinéma comme " filet à papillons pour attraper les petites filles" ?
À vous de juger, au travers de ces pages où l'on croise Godard et une canne à pêche, Burt Lancaster tout en dents et en élégance, et puis aussi Michel Piccoli et Orson Welles...

Blutch fait son cinéma en bande dessinée from Télérama on Vimeo.