dimanche 18 décembre 2011

Méliès et Scorsese



Pas grand chose à dire sur ce film... En allant le voir, je m'attendais à un film dans la lignée des Harry Potter, dans le domaine du fantastique. J'ai découvert un autre univers, qui est bien celui des films pour enfants recommandés sur "Allo ciné"...
Cet orphelin qui a appris les rouages de l'horlogerie et qui s'occupe seul des horloges de la gare est un personnage attachant par sa débrouillardise et attendrissant par sa maturité. L'action cependant est assez lentement menée, même si les décors de l'époque très bien reconstruits et le mystère de l'automate tentent de compenser l'ennui qui naît. Les répliques sont toujours plaisantes, mais la fin, trop longue, est mal venue à mon goût. Le truc des enfants se faisant inspecteurs a déjà trop été utilisé. Ce film fait passer un bon moment, mais sans plus. Je pensais que le fantastique m'emporterait mais je me suis retrouvé avec un vieux cinéaste qui tente de se déprendre de son passé.
Finalement, mieux vaut revoir les films de Méliès, le prestidigitateur du cinéma !
Quentin Duchemin, 1ere SI.


Où trouve-t-on exactement Martin Scorsese dans Hugo Cabret ? Il y a une évidence : on l'aperçoit, en photographe 1910, tirant le portrait de Georges Méliès et de sa compagne, devant le studio de verre de Montreuil. Cameo à la Hitchcock – est-ce la première fois que Marty s'inclut dans son film ? À vérifier. Clin d'œil aux cinéphiles, aussi. Presque embarrassant : j'ai connu une époque où débusquer la référence affichée, la citation d'un autre film, le fameux clin d'œil au spectateur averti pouvait quasiment tenir lieu d'analyse. Ce qui était incident devenait essentiel. Donc, Scorsese « hommageant » son illustre prédécesseur, dans une position d'infériorité – image fixe contre image qui bouge –, disons que c'est une première réponse, insuffisante.
Martin est aussi le petit Hugo. Il l'a répété lors des interviews : asthmatique, sur-protégé, il était la version réelle du gamin de fiction, planqué seul dans les combles de la Gare Montparnasse, aventurier d'un monde clos – la gare est la version enrichie, projetée mentalement, de la chambre d'enfant. C'est le fantasme redouté/partagé par tous les gosses solitaires : être sans famille, autonome comme un adulte mais anonyme comme un enfant, s'inventer son propre kit de survie. Martin Scorsese a beaucoup répété qu'il avait d'abord réalisé le film pour sa dernière fille, encore adolescente, afin de lui offrir un spectacle approprié à son âge : je ne sais pas pourquoi, je ne crois pas tout à fait à cette charmante explication. Peut-on se lancer dans la complexité d'un tournage en 3D et images numériques sans vouloir, dans un premier temps, créer pour soi-même un univers s'accordant à ses propres désirs ? N'imagine-t-on pas que nos enfants vont aimer ce que nous aimons nous-mêmes ?

Reste la figure de Méliès. Scorsese a beaucoup répété que ses premiers films, Mean Streets en particulier, étaient le reflet de ce qu'il voyait, vivait dans son quartier de Little Italy. L'inspiration new yorkaise et « mafieuse » a donné plusieurs grandes œuvres et puis, petit à petit, c'est comme si la passion du cinéma – l'essentiel de sa vie d'adulte – l'avait emporté : à la bio d'Howard Hughes (The Aviator), s'ajoute celle (détournée) de Méliès. On pourrait même soutenir que Shutter island est, à sa façon, un film sur le cinéma : exercice de style manipulant le spectateur, réflexion sur l'illusion (a fortiori celle du cinéma pré-numérique).
On sait que Martin Scorsese, via la fondation qu'il a créée, travaille à ce que les films anciens ne tombent pas dans l'oubli. Cette préoccupation rejoint le sujet même d'Hugo Cabret, la réhabilitation de Georges Méliès à la fin des années 30. Mais il n'est pas impossible que la peur de tomber dans l'oubli affecte tous les créateurs, et que Scorsese l'exprime à a façon. À 69 ans, Marty redouterait d'être un « Papa Georges », marginalisé dans un cinéma américain se consacrant tout entier aux blockbusters et au public adolescent. Le parcours de Méliès, la transformation du cinéaste en marchand de jouets, préfigurerait d'ailleurs les mutations de l'industrie. A ce compte-là,Scorsese est Méliès en fin de carrière. Et Hugo Cabret, la belle copie (numérique) d'un magnifique jouet ancien, ciselée par un artisan minutieux...

Aurélien Ferenczi (critique de cinéma)

Trois films de Méliès.

Laurent Mannoni, directeur scientifique du patrimoine à la Cinémathèque française, montre comment Méliès, à partir d'une erreur de caméra, est passé d'un cinéma du réel (plagiant en cela les frères Lumière) à un cinéma magique. Le chaudron infernal et Les 400 farces du diable mettent en scène un Méliès passionné de fantasmagories.


Au coeur des images de Georges Méliès par telerama

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